Cette fin d’année 2024 marque un tournant pour plusieurs de nos volontaires. Ils sont une dizaine à avoir choisi de mettre un terme à leur carrière après 13, 20 ou même 34 ans de service! Certains ont accepté de répondre à trois questions:
- Qu’est-ce qui vous a motivé à rester engagé durant toutes ces années?
- Si vous vous en souvenez, racontez nous votre première intervention.
- Que gardez-vous de vos années d’engagement?
Sergent-major Luc Gaudin, OI Sempremont, 34 ans de service:
« En tant qu’agriculteur et employé communal, je suis présent en journée sur le territoire, cela était évident que je devais m’engager. Mais c’était aussi la période où, à 18 ans, la question ne se posait pas, tout le monde rejoignait les pompiers. Et pour les nouveaux habitants, c’était l’occasion de s’intégrer dans le village, de connaître du monde.
Pour ma première intervention, nous avons été appelé en renfort à Mauraz pour l’incendie de la scierie. J’étais avec la moto-pompe au bord de la rivière. Quelques autres incendies, notamment de ferme, m’ont marqué.
Je suis resté engagé toutes ces années car nous sommes une bonne équipe. En dehors des exercices et interventions, nous partageons également de bons moments. Aujourd’hui, je regrette le manque d’investissement d’une grande partie de la population. Nous sommes toujours de moins en moins de pompiers volontaires pour une population grandissante.
Adjudant Yves Mermoud, OI Morges, 33 ans de service:
« Le fait de se sentir utile, combiné à l’imprévisibilité des interventions, apporte une dynamique particulière. Ne pas savoir à l’avance quand on devra partir en mission ajoute une dose d’adrénaline qui nourrit l’engagement. Au-delà des interventions, il y a aussi des moments enrichissants partagés avec les collègues. Que ce soit lors des exercices ou en intervention, la camaraderie et le plaisir de se retrouver créent une énergie et une motivation inestimables. Ces liens humains renforcent l’esprit d’équipe et la solidarité au quotidien. Cette passion m’a également offert des opportunités professionnelles, comme travailler au Train d’Extinction et de Sauvetage des CFF. Le fait de bénéficier d’une formation continue au sein des pompiers du Morget m’a apporté une expérience enrichissante et m’a permis de me perfectionner et d’évoluer dans mon rôle.
Si mes souvenirs sont exacts, ma première intervention a eu lieu lors d’un feu d’appartement à Morges. C’était en pleine nuit. À cette époque, je n’avais pas encore reçu de formations spécifiques comme celles de chauffeur ou de porteur, mais j’ai tout de même pu contribuer à l’intervention. Cette mission a été marquée par l’excitation de l’alarme, mêlée à l’envie de bien faire.
Ces trois décennies m’ont permis de vivre des expériences humaines uniques, de servir la population et de partager des moments forts avec des personnes unies par la même cause. J’en garderais un souvenir impérissable des années passées au sein des pompiers volontaires et je continuerais à suivre avec intérêt les actions menées par le SIS Morget. »
Lieutenant Joël Tardy, OI St-Prex, 30 ans de service:
« Rendre service à la collectivité a été ma motivation principale à rester pompier volontaire toutes ces années. Mais également parce que j’aime cela. C’est une passion. Ma première intervention… je me souviens que j’étais jeune (il rit). C’était un feu de sciure à la scierie de Saint-Prex. De toutes ces années, je vais garder de vrais bons souvenirs et de belles amitiés. Ce fut des années magnifiques qui m’ont permis de rencontrer beaucoup de personnes de milieux très différents. C’est un aspect très intéressant et enrichissant des pompiers volontaires. »
Lieutenant Raphaël Zbinden, OI Dissy, 17 ans de service, poursuit dans un SDIS voisin:
« La volonté d’apprendre et la camaraderie, mais aussi pouvoir rendre service aux personnes en difficultés en étant présent sont les principales raisons pour lesquelles je suis engagé depuis toutes ces années.
Ma première intervention, je m’en souviens très bien. C’était un feu de cheminée à Denens et j’étais le chauffeur du véhicule qui partait de la caserne de Yens. C’était ma première conduite, avec gyrophare allumé qui te permet de demander la priorité tout en gardant en tête que tu ne l’as pas. Sur place, mon rôle a été de fournir aux collègues engagés le matériel nécessaire.
De ces années, il y a deux interventions qui m’ont particulièrement marquées. L’incendie de la déchèterie de Saint-Prex où j’ai été appelé en renfort en tant qu’engagé au sein d’un détachement d’appui. C’était impressionnant de rejoindre les forces en place. La deuxième est le sauvetage d’une génisse qui était tombée dans une fosse à purin. Nous avons appris par la suite qu’elle était portante et nous avons pu la sauver ainsi que son veau né quelques mois après. »
Appointé Frédéric Mulot, OI Sempremont, 14 ans de service:
« Ce qui m’a fait rester toutes ces années, c’est la bonne équipe de copains qui constitue cet organe d’intervention. Je pense que ma première intervention devait être une petite inondation. Rien à voir avec celles de 2017, je crois, où tout le monde avait été inondé dans la région de Pampigny. Nous avions passé la nuit à pomper de l’eau, dès qu’on terminait à un endroit, on partait sur un autre site.
Être pompier volontaire m’a permis d’acquérir des connaissances, notamment en mécanique. En tant que cuisinier, je n’y connaissais pas grand chose, contrairement au monde paysan qui m’entoure. Mon fils a débuté il y a quelques années et j’ai décidé de passer le flambeau. Je trouve que ce rôle est à ne pas négliger. Ce serait bien que davantage de personne s’y intéresse. C’est important d’avoir des sapeurs dans chaque village. »
Caporal Eric Jeanfavre, OI Morges, 13 ans de service. Il poursuit son engagement dans un autre SDIS:
« Aider la population a été l’une de mes motivations à m’engager pour les pompiers. D’ailleurs, je continue au SDIS Alpin. J’apprécie aussi le fait qu’on ne vit pas deux fois la même intervention. Il me semble que ma première était une alarme automatique. Par contre, ce que je me souviens bien, c’est que lors de ma première semaine de garde, j’ai dormi avec le t-shirt et le pantalon des pompiers, pour être prêt. Ce que je ne fais plus depuis. Ce que je garde de ces années d’engagement? C’est une bonne question… la belle équipe. Mais aussi le fait qu’en intervenant depuis la caserne de Morges, les missions sont variées et spécifiques, notamment avec la grande échelle ou la désincarcération. Ce que je n’ai pas l’opportunité de pratiquer dans mon nouveau SDIS. »
Sapeur Christian Vaney, OI Dissy, 13 ans de service:
« J’étais sapeur sur Lausanne et ayant déménagé à Villars-sous-Yens en 2009, je me suis dis que j’allais continuer. Le fait de pouvoir contribuer à aider les personnes des villages alentours, même à une toute petite échelle, m’a toujours semblé une évidence. C’était également un bon moyen de faire connaissance avec les jeunes et les personnes biens ancrées dans le village.
Je ne me rappelle plus exactement si c’était la première intervention, mais en tout cas une dont je me souviens bien était une inondation à la chaîne. A chaque fin d’intervention sur un lieu, l’alarme sonnait à nouveau et nous repartions sur un autre site, ceci durant une bonne partie de la nuit. Je ne devais pas être super efficace au boulot le lendemain…. Au final, de ces 13 années, j’en garde un excellent souvenir, une très bonne camaraderie et de très bonnes soirées. »