Les blagues se sont tues, les sourires ont gentiment fait place à des traits marqués par l’effort. Certains venaient tout juste de rentrer d’une intervention sur un feu de toiture. Un lundi soir de septembre, 12 de nos sapeurs pompiers se sont retrouvés à Morges pour 4 heures de remise à jour de leur BLS AED, soit les premiers secours.

Tous les deux ans, après avoir suivi la formation de premiers secours de base (celle-là même qui est demandée pour passer son permis de conduire), une formation thématique est organisée. Le thème de cette année: le stress thermique chez les sapeurs-pompiers. La trame est mise en place par le Détachement Poste Médical Avancé qui a un mandat pour la formation sanitaire des Services de Défense Incendie et Secours. Notre répondante sanitaire, Céline – aidée ce soir-là de Vanja, tous deux ambulanciers – forme nos volontaires. Cette année, ils ont combiné théorie et mise en pratique.



C’est ainsi que pendant qu’une équipe suait sur un parcours physique, en tenue de feu, une autre, encore transpirante, dans une salle surchauffée, devait répondre à un questionnaire. Quel est le numéro de téléphone des urgences médicales? Quelle est l’action à mettre en place lorsqu’on est face à une victime inconsciente, mais qui respire?… On peste intérieurement contre le réchaud au coin de la pièce. En pleine chaleur, les réponses mettent plus de temps à venir. A la fin du parcours physique, la fréquence cardiaque chez toutes et tous a augmenté. Lors du troisième atelier, les gestes de premiers secours étaient révisés.



Ce format mélangeant théorie assis sur une chaise et activités a été apprécié. « C’est ce qui nous arrive en inter », résume l’un d’eux. L’importance de veiller en priorité à sa santé, avant, pendant et après un exercice ou une intervention a été relevée ce soir-là. Notamment la nécessité de boire beaucoup d’eau, tout le temps. « Car ne rien boire de la journée et partir en intervention, vous serez plus rapidement en moins bonnes conditions », a résumé Vanja, lui-même pompier volontaire.
Bref rappel des gestes qui sauvent:
> Contrôle rapide concernant la sécurité des environs
> Personne inconsciente, mais qui respire? Mettre la personne en position latérale de sécurité, appeler de l’aide (144), la surveiller jusqu’à l’arrivée des secours.
> Personne inconsciente qui ne respire plus? Appeler de l’aide (144), commencer le massage cardiaque sur un torse dénudé et utiliser (si disponible) l’AED (défibrillateur) en suivant les instructions données par l’appareil.
Compressions thoraciques:
> Point de compression au milieu de la cage thoracique (sur la ligne entre les deux mamelons)
> 100 à 120 pressions par minute (rythme: et 1 et 2 et 3 et 4…) en appuyant pour descendre d’un tiers (5-6 cm) la poitrine, avec un relâchement équivalent.
> 30 compressions thoraciques suivies par 2 insufflations ou massage cardiaque en continu
Le stress thermique
Il s’agit d’une montée de la température par le rayonnement solaire, le travail physique, la température ambiante, la chaleur par les flammes et le port de l’équipement. Dans le cadre des sapeurs-pompiers, s’ajoute le stress de l’alarme à l’intervention. La fréquence cardiaque augmente.
Pour se réguler, plusieurs options: repos, s’acclimater gentiment, améliorer la ventilation corporelle, boire de l’eau et s’alimenter.
Sans prêter attention aux signes, des problèmes de santé graves, voire la mort, peuvent survenir.
Les risques d’hyperthermie
L’hyperthermie peut être classée en deux pathologies:
L’épuisement dû à la chaleur (une température corporelle qui augmente, avoir soif, malaise, tachycardie et céphalée… avec un retour à la normale rapide)
Le coup de chaleur (une t° corporelle de >40°C, troubles de la conscience, coma, convulsion… évolution défavorable).
Pour aller mieux, le sapeur peut: enlever le casque, ouvrir la veste, boire, aller au frais… Et lors d’interventions d’importance, le pompier peut faire confiance aux professionnels du Soutien sanitaire opérationnel (SSO). Ils sont là pour veiller sur la santé des volontaires et leur permettre de repartir intervenir avec un corps en forme.
Enfin, soulignons encore que l’augmentation de la température corporelle influence les prises de décisions. Des études ont montré que l’augmentation d’1 degré mène à un risque d’erreur de 12%. Cela peut monter même à 45% avec une augmentation supplémentaire de la température corporelle. Il est donc primordial de veiller à sa santé et à celle de ses collègues.