En 31 ans d’engagement volontaire, l’un de nos sapeur-pompier, l’adjudant Christophe Guilbert, comptabilise, au 31 octobre 2022, 1774 interventions! Sa disponibilité de jour et de nuit, son engagement sur trois décennies et le fait qu’il soit lié à la caserne de notre secteur qui comptabilise le plus de missions et d’alarmes, lui ont permis d’atteindre ce chiffre.
Rencontre avec ce Morgien d’adoption, quelques semaines avant de rendre ses habits de pompier.
Fidélité est l’un des qualificatifs que l’on peut attribuer à Christophe. En 1992, il s’engage comme pompier volontaire à la caserne de Morges et ne l’a plus quittée depuis. Une assiduité à l’image de sa vie personnelle. Celui qui passera en 2023 du casque de pompier à la casquette de grand-papa a connu son épouse alors qu’il avait 15 ans. Elle en avait 14 ans. Et ils sont toujours heureux ensemble.
Une conjointe qui lui a aussi permis de s’engager toutes ses années. « Ma solde a toujours été versée sur le compte bancaire de ma femme. Même si j’en profite aussi, c’est surtout pour la remercier pour les absences et les abandons. Tel celui au magasin avec poussette et sacs remplis de courses alors qu’elle n’avait pas encore le permis. Elle est rentrée à pied et je suis parti à la caserne, raconte celui qui est papa de deux filles. Pour leur naissance, j’ai dit que je ne répondrais pas à l’alarme. Sinon, le 118 a souvent pris le dessus. »
Pour l’anecdote, dans les années 1990, pour rejoindre le centre de renfort morgien, l’aval de la conjointe était demandé. « Mon épouse m’a donné, avec plaisir, son autorisation et m’a toujours soutenu », sourit-il.
« Plaisir, enrichissements et passion »
L’un des autre élément qui a permis à Christophe d’intervenir, en moyenne une cinquantaine de fois par année, c’est son emploi. « En 1992 je travaillais comme mécanicien à Lausanne. J’ai cherché un job plus proche afin d’allier travail et pompier volontaire ». C’est ainsi qu’en 1997 il répond à une annonce de la Ville de Morges pour un emploi de concierge. « Nous étions plus que deux et j’ai eu le poste car, m’a-t-on dit, je suis pompier et je sais comment réagir en cas de problème », se souvient celui qui est né en Normandie (France) et est arrivé en Suisse à l’âge de 5 ans.
Aujourd’hui, il est responsable du site de Beausobre et adjoint au chef conciergerie pour la Ville de Morges. Un poste qui lui permet d’être tout le temps proche de la caserne et qu’il peut laisser en plan à la moindre alarme.
Si la passion qui l’anime est toujours là, Christophe a décidé de démissionner de son engagement. « J’avais dit que j’arrêterai le jour où je ne serai plus porteur d’appareil respiratoire. Puis j’ai rempilé, et rempilé… On ne m’a pas poussé dehors, au contraire, mais il faut savoir s’arrêter au bon moment. Mon corps me dit stop. Il faut laisser la place aux jeunes qui sont nombreux. La décision n’a pas été facile et ne l’est toujours pas, admet-il. Car plus j’intervenais, plus j’étais heureux. Du moment que l’alarme sonnait, quelle qu’elle soit, j’aimais apporter mon aide. Ce fut 31 années de plaisir, d’enrichissements et de passion »
Dès 2023, ce mordu de Stars Wars compte s’engager davantage pour son association Terenga Kids, qui apporte une aide matérielle ou financière aux enfants au Sénégal.
Deux questions complémentaires
Christophe Guilbert, comment convaincrais-tu quelqu’un de s’engager comme pompier volontaire?
Tu ne peux pas convaincre quelqu’un d’être sapeur pompier, car c’est une passion et une envie d’aider autrui. Mais tu peux encourager en soulignant que cela amène énormément d’humanité, que tu rencontres des gens en caserne ou dans la population qui t’apportent une richesse. C’est également un plaisir et une satisfaction de mener à bien sa mission. La camaraderie et l’adrénaline sont aussi un moteur important de cet engagement.
Quelles sont les interventions qui t’ont particulièrement marquées?
Il y a plein de belles interventions, telle la fois où j’ai pris un bain forcé en plein mois de novembre pour aider un chien à sortir de la piscine dans laquelle il était tombé.
Mais il y en a aussi quatre qui me restent particulièrement en mémoire. Deux concernent des désincarcérations avec une fois le décès d’une petite fille et la seconde fois, quand une voiture a volé par dessus la berme centrale de l’autoroute et à généré six décès, dont deux femmes enceintes. Puis il y aussi deux interventions feu où j’aurai pu ne pas rentrer. Une fois un escalier s’est effondré et sans mon collègue qui m’a tiré en arrière, je ne serai peut-être plus là. L’autre concerne un flashover, soit un embrasement généralisé éclair. Avec mon collègue nous avons juste eu le temps de nous jeter au sol pour nous protéger. Malgré cela, nos casques ont fondu sous la chaleur.
« Pour mon départ, je veux laisser ma force qui accompagnera chaque femme et homme, afin que chacun rentre toujours entier d’une intervention, comme cela a été le cas jusqu’à présent. »
Christophe Guilbert, pompier volontaire