Notre Capitaine Jean Cuérel s’apprête, dans quelques jours, à prendre sa retraite, un peu plus de 41 ans après avoir rejoint les sapeurs-pompiers. C’était le 1er janvier 1980. Il était âgé de 22 ans et venait de terminer son apprentissage de radio-électricien. Et même si nous n’avons pas réussi à le certifier, nous ne prenons pas trop de risque en affirmant qu’il est l’un des (et peut-être même le) plus anciens pompiers volontaires en activité de notre canton. Il a donc vu défiler plusieurs commandants. L’actuel, Maj Thierry Charrey est le sixième!
Par contre nous pouvons affirmer qu’avec Jean-Michel Wyss, responsable matériel, ils sont les premiers pompiers, en 1996, à occuper un poste de permanent dans le canton de Vaud. C’était déjà à Morges.
Une ville qu’il n’a délaissé que durant 2 ans lorsqu’il s’est établit à Apples. Toutefois, Jean Cuérel s’apprête à quitter sa ville natale pour s’établir dans la région nyonnaise. En effet, jeune marié depuis l’année dernière, son épouse travaillant encore, Jean Cuérel, quatre fois grand-papa, va la rejoindre. « J’ai besoin de mon lac et l’eau sera quasi la même à Nyon, cela me convient », sourit-il.
Jean, plus de quatre décennies d’engagement! Tu as dû en voir des changements?
Effectivement. Déjà au niveau de l’engagement puisque pour devenir pompier volontaire, il fallait avoir 20 ans, contre 18 ans maintenant, et s’inscrire au poste de police à Morges! A mes débuts, nous étions une vingtaine de sapeurs pour 30 à 40 interventions par année. Le matériel a fortement évolué. Toutefois, j’ai toujours pris ces changements comme un plus, un nouveau challenge. J’ai trouvé cela intéressant et motivant.
Je pense que j’ai été un bon second, mais je ne pense pas que j’aurais été un bon premier. Je n’ai pas besoin des honneurs car pour moi, sapeurs-pompiers se prononce toujours au pluriel. Tout seul tu ne fais rien. Ce n’est pas toi qui effectue le travail, mais l’équipe.
« Si je devais comparer Jean Cuérel à un animal, ce serait un gros nounours. Car il est doux et chaleureux tant qu’on ne l’embête pas. Mais il peut griffer, voire mordre ou même devenir assez agressif si on l’embête ».
Yves-Etienne Kahn qui a œuvré de nombreuses années à ses côté et est resté un proche ami
Et ton rôle de permanent quartier-maître?
Ce poste de permanent n’a jamais vraiment été reconnu. Aux débuts, si je sortais avec le véhicule pour aller à la poste par exemple, on me demandait ce que je faisais. Nous étions très observés.
La place de QM au départ n’existait pas, c’est un poste très solitaire, on est seul à défendre un budget. Cet emploi m’a aussi tout appris. A mes débuts, c’était l’arrivée de l’informatique. J’ai acheté un ordinateur pour me faire la main à la maison.
As-tu une idée du nombre d’interventions auxquelles tu as participé?
Aucune! Je suis intervenu chaque fois qu’on avait besoin de moi. Celles qui marquent le plus, sont les accidents. Pendant très longtemps, nous n’avions jamais eu à faire à une désincarcération avec des enfants, puis trois de suite sont arrivées. Les personnes qui ont péri dans le feu m’ont aussi marquées. Chaque décès, je l’ai vécu comme un échec, même si je n’y pouvais rien.
Puis il y a aussi les insolites, tel le premier serpent, bien avant que l’on soit formé pour les NAC (nouveaux animaux de compagnie). C’était un petit serpent marrant. Je lui ai dit que ce n’est pas lui qui allait faire la loi. Avec un gant, je l’ai attrapé et mis dans un sac. Puis le vivarium m’a dit que s’il m’avait mordu, cela n’aurait pas été bien du tout.
Quels sont tes projets pour la retraite?
Me reposer. J’ai envie de m’occuper de moi, de me laisser un peu guider. J’ai dormi 40 ans avec les chaussettes au pied du lit, prêt à partir. Je me réjouis de pouvoir les déposer dans le linge sale ou les laisser dans l’armoire.
Quels conseils peux-tu donner à ton successeur?
Qu’il est important de rester ouvert, mais d’avoir toujours en tête les possibilités financières qu’on peut avoir.
Portrait chinois de Nicolas Houlmann, nouveau quartier-maître
Titulaire d’un CFC d’employé de commerce et après avoir suivi des études de spécialiste en finance et comptabilité, Nicolas Houlmann a débuté comme pompier volontaire dans notre SDIS, en 2009. Aujourd’hui sergent-chef, il est toujours incorporé au Détachement de Premier Secours de l’organe d’intervention de Saint-Prex.
Le 1er mars 2021 il a débuté son activité de sapeur-pompier permanent avec la fonction de Quartier-Maître. Afin d’apprendre à mieux le connaître, nous lui tirons son portrait chinois, qui est un jeu littéraire de type questionnaire de Proust.
Nicolas, si tu étais…
…une commune de notre SDIS? Saint-Prex! Car c’est là que j’ai mon attachement familial. J’ai grandi à Bussy-Chardonney, mais je me suis toujours dit qu’un jour je vivrais à Saint-Prex. C’est là que mon grand-papa est arrivé de Saint-Triphon dans les années 1960. J’ai rejoint cette commune en 2007 et ce serait difficile pour moi de la quitter.
…un véhicule pompier? Un TPM car il a plusieurs usages.
…un grade? J’avoue, mon objectif est d’atteindre un grade d’officier. Cependant, j’ai un attachement à celui de sergent, car c’est le dernier que j’ai obtenu au service militaire et j’en ai de très, très bons souvenirs. Même si au final, le grade n’est qu’une brodure qui se scratch sur l’habit.
…un vêtement? Un maillot de bain, j’adore nager. Mais dans une piscine, car au large, je ne me baigne pas forcément, je ne suis pas rassuré par ce vide sous mes pieds.
…un paysage? Le Léman avec les Alpes en arrière plan.
…un lieu? Anzère où je m’y rends tous mes hivers. C’est un endroit où je me ressource.
…un métier? Pompier et comptable. Je suis attaché aux chiffres. Mais j’avoue rêver d’être astronaute car tout ce qui concerne l’espace m’intrigue et me fascine.
…une chanson? « One » de U2 dont je suis fan. Je les ai vu quatre fois, au premier rang! J’aime aussi beaucoup Queen.
…un super pouvoir? Je suis quelqu’un de très sensible aux autres. Peut-être celui de pouvoir absorber la tristesse ou le malheur des autres, sans en souffrir moi-même.
…une odeur? Un whisky tourbé.
…une friandise? Les fraises tagada. Je suis un bonbec.
…un loisir? Le bateau en été sur le Léman.
…une devise? Celle d’Oscar Wilde et vous y verrez un lien avec ma curiosité de l’espace: «Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles»
…une qualité? Difficile de n’en choisir qu’une, je dirai l’optimisme, le positivisme, le respect mutuel, la franchise.
…un animal? Le loup (et l’aigle). J’ai toujours aimé le côté sauvage et mystérieux de cette bête.